Chiara Indelicato | Les clapotis invisibles

© Chiara Indelicato

Avec 𝘗𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘥𝘪 𝘭𝘢𝘷𝘢 et 𝘓𝘦𝘴 𝘤𝘭𝘢𝘱𝘰𝘵𝘪𝘴 𝘪𝘯𝘷𝘪𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦𝘴, Chiara Indelicato nous entraîne de Stromboli à Lorient, là où les vivants se mêlent aux forces telluriques des roches et des flots. Les éléments naturels – volcan, océans, ciel et mer – deviennent les acteurs principaux d’une écologie fragile à laquelle la photographe tente de rendre la voix. Le travail photographique de Chiara Indelicato pose cette question : comment vivre dans un monde fini, où les ressources sont limitées. Faut-il ne rien faire ? Ou alors, le moins possible ?

En recherche constante sur les procédés photographiques et leur impact environnemental, Chiara Indelicato a imaginé une technique alternative et écologique de développement argentique délaissant les produits chimiques et privilégiant l’eau de mer et le café.

L’exposition Les clapotis invisibles est le fruit d’une résidence de l’artiste italienne sur le territoire lorientais, portée par Le Lieu en 2023 et soutenue par le réseau Diagonal dans le cadre du programme Entre les images, Le Lycée Dupuy de Lôme et le Centre Social du Polygone.

Chiara Indelicato

Née en Italie en 1987, Chiara est une artiste indépendante qui vit entre l’Italie et la France.

Si la photographie l’accompagne depuis toujours, avant de prendre le chemin artistique Chiara s’est formée d’abord comme traductrice et a poursuivi ses études dans le marketing et le management. Après une première carrière précoce dans la mode et le branding, elle se consacre entièrement depuis 2019 à son travail de photographe. Chiara travaille principalement en argentique noir et blanc en utilisant un procédé alternatif délaissant les chimies classiques pour privilégier un développement plus écologique.

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Portrait de Chiara Indelicato © Léonie Pondevie

La résidence Entre les images

Au temps du digital, l’expérience tangible de l’image argentique, qui devient attente et objet, est bien précieuse, encore plus riche si on accompagne l’expérience par cette notion de pratique écologique et respectueuse de l’environnement. Voir son propre regard avec une distance (temporelle) nous aide à explorer à nouveau nos expériences, remarquer des détails et profiter d’une connexion en deux temps avec le monde qui nous entoure. Regarder en noir et blanc, c’est un peu imaginer les pages d’un livre.

Lorient est une ville entourée par la mer et qui entoure la mer. Pourtant, l’accès au littoral a, au fil des années, été parfois entravé par les activités portuaires. Là où autrefois il y avait des marécages et des plages, on a repoussé les bords. Au fil des années et des besoins industriels, la côte a été aménagée, prolongée pour répondre au manque de place auquel se heurtait le progrès. Son port de commerce et de pêche ont émergé de l’océan. Aujourd’hui, là où seuls nos pas nous mènent depuis le centre ville, on peut longer l’océan sans jamais le toucher, sans jamais l’embrasser du regard. Certains quartiers, comme celui où s’est implanté le Centre social du Polygone, ont pris l’habitude de s’échapper vers la côte en dehors de Lorient, par la voiture ou les transports en commun. Lorsque l’on vit au cœur de ces quartiers, a-t-on encore l’impression d’habiter le littoral ?

Tout en utilisant l’eau de la mer comme ingrédient pour le développement, Chiara Indelicato a proposé aux participant.e.s d’explorer des paysages familiers et d’y construire une narration, se raconter une histoire commune, à travers les clichés et les sensations dérivants de cette expérience. En somme, leur (re)donner la possibilité de faire expérience de leurs territoires tout en profitant de ce moment de liberté et de jeu. Leur permettre un instant de s’extraire de leurs lieux de vie et de se réapproprier la côte.

Ce projet avait également l’ambition de créer la rencontre en invitant les usagers du centre social Polygone et les élèves du Lycée Dupuy de Lôme à travailler ensemble. Par le mélange des publics bénéficiaires, nous souhaitions les inviter à travailler ensemble sur la construction de récits pour concevoir un imaginaire commun autour du territoire. Ainsi invité.e.s à délaisser téléphones et outils numériques au profit de petits appareils jetables, ils et elles ont été amené.e.s à développer les pellicules grâce à la technique organique proposée par la photographe.

Tout au long de ce projet, ces expériences collectives ont été documentées par Chiara Indelicato et les participant·e·s à travers un journal de bord. Constitués d’écrits, de questionnements et d’attentes, nourris par les échanges, ces documents ont permis aux participant·e·s d’analyser les images, le procédé photographique ainsi que les histoires communes partagées et desquelles ont émergé des récits. Entre théorie et expériences sensibles, ces interventions ont ouvert des pistes de réflexion afin de réapprivoiser le littoral.

• 37h d’ateliers
• 3 sorties pour les prises de vue
• 2 visites de l’exposition Pelle di Lava
• 3 séances pour le développement des négatifs
• 7 séances de tirage en chambre noire