23e Rencontres Photographiques : L’Engagement

Le combat et l’ordinaire / Rémi Chapeaublanc / Guillaume Herbaut / Ambroise Tézenas / Stéphane Lavoué / Nicolas Hergoualc’h / Lola Hakimian / Emanuela Meloni / Samuel Gratacap

©Guillaume Herbaut, Kotovsk – Parc des Cheminots – 19 décembre 2013 – 14h39. La statue de Lénine, détruite dans la nuit du 8 au 9 décembre 2013

‘‘ Les photographies sont à l’épreuve du temps et l’engagement est long.  Les deux sont volontaires et insoumis, le photographe est obstiné, l’engagement est entier.  Ils se rejoignent dans l’absolu… Photographie et engagement : un pari nécessaire et utile pour parler du monde et l’aimer…’’

Raymond Depardon.

L’Engagement va de pair avec la photographie et le photographe.

Dès l’origine, les ‘‘premiers photographes’’ hommes de sciences, physiciens et chimistes, avaient la volonté d’ ‘‘enregistrer le réel’’, de fixer l’image sur un support de manière pérenne et de la rendre reproductible. Leur investissement amena la démocratisation de la photographie. Tout comme la littérature ou la peinture, la photographie grandit à travers les âges, les contextes historiques et sociaux pour atteindre le statut du 8ème art. Ce médium s’est vu évoluer à travers de nombreux courants : du pictorialisme à la straight photographie, de la nouvelle objectivité au surréalisme en passant par le  constructivisme ou la photographie humaniste…

A l’heure actuelle, quand on entend ‘‘photographie engagée’’ on pense directement à la photographie de reportage, au photojournalisme issu de la tradition documentaire. Tradition qui se saisit de thématiques sociales afin de susciter une prise de conscience chez son public, de militer pour des réformes sociales. Cette photographie documentaire change et cède du terrain à d’autres explorations, explorations allégoriques, psychanalytiques ou fictionnelles qui n’effacent aucunement sa dimension politique.

Les thématiques se sont parfois déplacées de l’étude sociale vers des sphères d’identités individuelles et collectives. Ce qui amène les artistes à s’investir dans de nouvelles voies, utilisant tous les dispositifs afin de rendre leur travail aussi complet que leurs implications.

Un engagement de soi vers soi même.

L’engagement nécessite une mobilisation de soi, une capacité puissante d’investissement, une rigueur d’exploration. Cette volonté d’éveiller les consciences, se fait par le partage, le témoignage, le reportage documenté ou mis en scène. Ils explorent de nouvelles perspectives. Leurs démarches, dans leur volonté de convaincre, se dessinent le plus souvent en série afin d’exploiter le sujet de façon plus globale et entière. L’organisation des images en récit traduit leurs pensées. Ils font de leur pratique un choix de vie. De plus ils nous transmettent leurs façons d’observer le monde qui les entoure et nous apportent un point de vue singulier. Ils renouvellent les approches pour mieux s’approprier le temps dans lequel ils évoluent.


Emilie Teulon
Commissaire des expositions pour les 23e Rencontres Photographique
Responsable des expositions et de la pédagogie pour la Galerie Le Lieu

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PROGRAMMATION
Claudine Doury, Les cousines de Samarcande, 2004 – FNAC 10-861 –
Centre national des arts plastiques – © SAIF / Cnap / Galerie Camera Obscura.

Une exposition collective avec 25 artistes sélectionnés dans les collections du Cnap (Centre national des arts plastiques)
« Le combat et l’ordinaire »

Dans le cadre de L’engagement, une manifestation nationale organisée par le Réseau Diagonal en partenariat avec le Cnap et le soutien du ministère de la Culture-DGCA et de l’ADAGP.

Dans le cadre des 23e Rencontres Photographiques dont la thématique est L’Engagement, ainsi que pour fêter les 10 ans du réseau Diagonal*,  nous avons eu la chance de faire une sélection à partir du fonds photographique du Cnap.

(Centre national des arts plastiques) autour du Combat et de l’Ordinaire.

*le Réseau Diagonal est le seul réseau national et européen réunissant des structures de production et de diffusion de la photographie contemporaine qui se consacrent également au développement de pratiques d’éducation à l’image.

Les vingt-quatre photographes choisis nous font découvrir un ordinaire mondial qui nous montre une humanité à travers les âges et les continents.
Un éclatement de l’histoire de la photographie.

Du documentaire social à l’intime, du reportage à la photo autobiographique en passant par la contemplation, ces chefs d’œuvres sont réunis afin de transmettre et partager un quotidien et d’éveiller les consciences à travers ces regards singuliers.

Jane Evelyn Atwood, Samuel Bollendorff, Alexandra Boulat, Pierre Boulat, Oliver Coret, Gilles Coulon, Raymond Depardon, Claudine Doury, Gilles Favier, Rip Hopkins, Tim Hetherington, Henri Huet, Pieter Hugo, Yong Quan Jin, Mimmo Jodice, Daido Moriyama, William Klein, Didier Lefèvre, Helen Levitt, Martin Parr, Marc Riboud, Xavier Ribas, Johann Rousselot, Sebastião Salgado.

www.cnap.fr

Galerie Le Lieu
Hôtel Gabriel, Enclos du Port, 56100 Lorient
Du mardi au vendredi de 14h à 18h / samedi et dimanche de 15h à 18h
Fermeture les 1er et 11 novembre

Le dernier Tsaatan, par Remi Chapeaublanc
Rémi CHAPEAUBLANC
Le Dernier Tsaatan

Rémi Chapeaublanc, photographe autodidacte et voyageur invétéré adopte une démarche humaniste, documentant le quotidien de ses modèles.

Il va aller vivre plusieurs mois auprès des Tsaatans, éleveurs nomades de rennes chevauchant la frontière du nord de la Mongolie. À travers des portraits et des détails de leurs habitats et habitudes il donnera une dimension poétique à leur quotidien.

Travail documentaire réalisé après une approche de plusieurs années, il s’interroge sur l’avenir de ce peuple notamment par rapport aux nouvelles réglementations mongoles qui les obligent de plus en plus à abandonner leur mode de vie traditionnel. Un mélange entre modernités et traditions, tantôt amusé tantôt contraint, qui questionne notre rapport aux cultures anciennes.

Rémi Chapeaublanc est né en 1984, il vit à Paris.

Il est représenté par H. Gallery, Paris. www.remichapeaublanc.com

Galerie Le Lieu
Hôtel Gabriel, Enclos du Port, 56100 Lorient
Du mardi au vendredi de 14h à 18h / samedi et dimanche de 15h à 18h
Fermeture les 1er et 11 novembre  

Lola Hakimian
Le naufrage

Lola Hakimian imagine Le naufrage dans un engagement purement artistique afin de créer un récit visuel non linéaire. Il s’agit donc d’une fiction documentaire qui en renouvelle l’approche en y mêlant sensibilité et critique avisée. Les images sont mentales et réinventent un réel fantasmé. Un récif corallien dessine ce conte où l’histoire se déroule sur une île peuplée d’arbres où seul un naufragé réside. Il y a la mer, un repaire, et de vagues lueurs de pleine lune. C’est avec douceur et des couleurs chavirantes que cette jeune photographe nous transporte dans ce monde impalpable quasi nébuleux. Le naufrage fait écho à ceux qui s’engagent vers un ‘‘retour aux sources’’, vivants tels des Robinsons en décalage avec notre société de consommation.

Lola Hakimian est née en 1984, elle vit à Paris. www.lola-hakimian.com

Médiathèque 
4 place François Mitterrrand, 56100 Lorient
Lundi 13h-19h / mardi, mercredi et vendredi 10h-19h / samedi 10h-18h. Fermeture les 1er et 11 novembre

Stéphane LAVOUÉ
À Terre

Stéphane Lavoué va photographier de façon picturale l’univers de la pêche sans partir en mer. C’est en constatant qu’un emploi en mer crée quatre emplois sur terre qu’il va mettre en lumière ces hommes et ces femmes qui travaillent dans l’ombre de chantiers navals, de forges marines ou encore dans des conserveries.

C’est près d’ici, au Guilvinec et sur toute la façade maritime du pays Bigouden, qu’il nous dévoile un monde qui souvent nous échappe. C’est en s’éloignant de l’image iconographique de la pêche qu’il crée sa propre vision de ce monde. En associant, portraits, paysages et nature morte, il retranscrit avec émotion sa vision de cette région dans lequel il vit depuis.

Stéphane Lavoué est né en 1976, il vit et travaille entre la Bretagne et Paris. Il est représenté par la galerie Fisheye. www.stephanelavoue.fr

Ecole Européenne Supérieure d’Art de Bretagne – Site Lorient
1 avenue de Kergroise,
56100 Lorient
Lundi au vendredi 9h-12h/14h-19h
Ouverture le samedi uniquement pour les groupes et sur RDV. Fermeture du 28 octobre au 05 novembre
Fermeture le 11 novembre 

Jean Paul
Nicolas HERGOUALC’H
KRV

Nicolas Hergoualc’h, photographe et pédagogue, utilise dans ses travaux et ses interventions des techniques anciennes de photographie. Il a été invité en 2018 et 2019 par la Ville de Lorient et la MPT (Maison Pour Tous) de Kervénanec à une Résidence Artistique de Territoire sur ce quartier, autour de la question des nouveaux usages des espaces publics. Par des ateliers auprès d’habitants et des travaux autour de cette question, des installations photographiques ont été réalisées en juin 2019.

Les tirages cyanotypes ont été réalisés par des habitants, en utilisant des images des Archives de Lorient, de la Maison Pour Tous et des archives personnelles des stagiaires.

Les ambrotypes traduisent deux semaines de rencontres de Nicolas sur un espace public où il a proposé aux habitants de Kervénanec un portrait.

Un voyage à travers les âges et les visages, une immersion réadaptée de ce quartier de Lorient.

Nicolas Hergoualc’h est né en 1979, il vit à Brest. www.atelierblackbox.fr

Ecole Européenne Supérieure d’Art de Bretagne – Site Lorient
1 avenue de Kergroise,
56100 Lorient
Lundi au vendredi 9h-12h/14h-19h
Ouverture le samedi uniquement pour les groupes et sur RDV. Fermeture du 28 octobre au 05 novembre
Fermeture le 11 novembre  

Samuel GRATACAP
Empire

Samuel Gratacap, photographe dont le travail s’inscrit à la fois dans le champ des arts visuels et le photojournalisme, il s’intéresse aux phénomènes de migration et aux lieux de transit générés par les conflits actuels.  Empire résulte de plusieurs séjours (entre 2012 et 2014) dans le camp de Choucha.

Choucha, camp de réfugiés d’origine subsaharienne en Tunisie, à 7km de la frontière avec la Libye et à 25 km de la ville Ben Guerdane. Il s’investira durant ces années à mener un travail documentaire au long terme afin de comprendre, entendre et retranscrire le quotidien de ce lieu de vie temporaire devenue pérenne. S’il a officiellement fermé en juin 2013, plusieurs centaines de réfugiés et demandeurs d’asile ont continué à y vivre, dans un abandon de plus en plus grand.

Samuel Gratacap est né en 1982, il vit entre la France et la Tunisie. www.samuelgratacap.com

Artothèque – Galerie P. Tal-Coat
15 rue Gabriel Péri 56700 Hennebont
mardi et jeudi 14h-18h / mercredi 10h-12h/14h-18h / vendredi 14h-18h30 / samedi 10h-12h/14h-17h
Fermeture les 1er et 11 novembre

Ambroise TÉZÉNAS
I was here

  Ambroise Tézenas va parcourir le monde pour figer les lieux du dark tourisme. Dark tourisme : le tourisme noir, appelé aussi tourisme sombre, tourisme macabre ou thanatourisme, est une forme controversée de tourisme qui consiste à organiser la visite payante de lieux étroitement associés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes.

‘‘ I was here’’ ( ‘‘ j’y étais’’), Graphiti inscrit dans une ancienne école au Cambodge qui fut le théâtre d’atrocités par les Khmers rouges, illustre le nom de cette série.

Il s’interroge sur la démarche qui pousse ces visiteurs empreints d’une motivation de voyeurisme vers cette fascination pour l’atroce à visiter ces lieux et à laisser leurs traces par une signature ou un selfie.

D’un site commémoratif du génocide du Rwanda à la fenêtre d’angle où était posté l’assassin de Kennedy en passant par le village martyr d’Oradour-sur-Glane, il nous transporte tel Jean Giono dans ‘‘un roi sans divertissement’’ dans un questionnement sur la fascination du mal.

Ambroise Tézenas est né en 1972, il vit à Paris. Il est représenté par la galerie Melanie Rio Fluency. www.ambroisetezenas.com

Galerie du Faouëdic/Hors les murs, Maison de l’agglomération – Esplanade du Péristyle
56100 Lorient
Du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Fermeture le 1er novembre

Guillaume HERBAUT
Ukraine, de Maïdan au Donbass

Guillaume Herbaut, photojournaliste, fasciné et intrigué par ses sujets, s’investit dans une quête de l’information et des conflits à travers l’actualité.

Un engagement qui transpire de sincérité et d’un humanisme désarmant.

‘‘de Maïdan au Donbass’’ :

il va photographier ce voyage en partant de Kiev (capitale de L’Ukraine) jusqu’à l’est. Pour Guillaume Herbaut il s’agit d’une enquête photographique et personnelle. Il ira en Ukraine régulièrement, depuis sa série sur Tchernobyl jusqu’à aujourd’hui.

Ses photos ne sont pas ‘‘spectaculaires“ mais très personnelles, nous verrons des détails qui rapprochent ce conflit à une vision intime.

Du à sa connaissance de ce pays et des Ukrainiens depuis de nombreuses années il donne une vision loin des images de guerres ou de conflits que l’on connaît mais se consacre plutôt à rendre une ambiance, une atmosphère. Comme écrit Sophie Bernard sur cette série il sait :  ‘‘montrer les indices des événements pour rendre une histoire.’’

Guillaume Herbaut est né en 1970 en France. www.guillaume-herbaut.com

Galerie du Faouëdic/Hors les murs, Maison de l’agglomération – Esplanade du Péristyle
56100 Lorient
Du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Fermeture le 1er novembre

Emanuela MELONI
Parole de Pierre

Emanuela Meloni,  jeune photographe Sarde, nous transmet un engagement plus philosophique face à l’altérité. Depuis la nuit des temps l’homme questionne ce qui demeure en dehors de lui-même, à la recherche d’un dialogue qui puisse combler sa solitude face à l’univers. Il touche à la matière, à la pierre, en cherchant en elle une réponse à ses questions et besoins. L’obsidienne, pierre volcanique apprivoisée par les hommes préhistoriques afin de créer des outils, devient ici le miroir de la relation entre l’homme et le monde, entre la rencontre et la domination. En travaillant graphiquement sur les images, proche du dessin et d’une narration fictive,  Parole de Pierre ouvre à une constellation de possibilités imaginatives.

Emanuela Meloni est née en 1987. D’origine Italienne, elle vit aujourd’hui entre la France et la Sardaigne. www.emanuelameloni.com

Galerie La Rontonde
1 rue Louis Aragon, 56 600, Lanester
Lundi, mardi, mercredi et vendredi 8h30 – 12h00 / 13h30 – 17h00
Jeudi 10h00 – 12h00 et 13h30 – 17h30 
Samedi 9h – 11h30
Fermeture le 1er et le 11 novembre