Il y a chez Vasil Tasevski une manière singulière d’aller vers le monde. Tout commence par un déplacement, un geste, une rencontre. On imagine un homme qui marche, appareil en main, sans chercher à capturer quoi que ce soit, simplement attentif à ce qui affleure.
Il y a l’ombre d’un homme rencontré un jour, parti depuis des années vers une terre qu’il n’a peut-être jamais atteinte. Il y a ce doute, ce fil rompu, cette question suspendue. Et pourtant, les photographies de Vasil Tasevski n’appartiennent ni à la tristesse ni à la perte. Elles appartiennent au mouvement, à cette façon qu’a le vivant de continuer malgré tout, de glisser entre les obstacles, de transformer chaque chute en nouvelle direction. Une errance qui se transforme en liberté dès qu’elle trouve un espace pour résonner.
Dans l’atelier, il revisite ces fragments, les fait passer d’un support à l’autre. L’image se transforme, s’érode, s’intensifie selon la surface qui l’accueille. La lumière suit le mouvement d’un corps ; elle le rejoue comme on réactive un souvenir. Le geste ne disparaît pas, il se redépose et continue d’exister après avoir quitté notre champ de vision.
Ce que Vasil Tasevski cherche peut-être, sans jamais le formuler, c’est une manière de retenir le passage. Non pour l’immobiliser, mais pour en entendre le rythme. Ses images racontent une vie qui ne tient pas en place, mais qui trouve, dans l’acte même de photographier, un lieu où revenir, une manière de sentir le monde jusqu’à ses bords. Une géographie intime faite de mouvements, de détours, et où la lumière devient langage.
Texte et réalisation : Léonie Pondevie
Musique : Kevin Lecuyer
Commissariat d’exposition : Emilie Teulon
Photographies & installations : Vasil Tasevski
Cet épisode de Mirettes a été réalisé dans le cadre des 26èmes Rencontres Photographiques du Pays de Lorient : Le cycle des lucioles, festival porté par Le Lieu de la Photographie. Les exposition Surfaces sensibles et Mémoire d’un vol de Vasil Tasevski ont été présentées à la Médiathèque François Mitterrand et au Théâtre de Lorient du 10 octobre au 14 décembre 2025.
