Il existe, dans la manière de travailler de Thomas Paquet, quelque chose d’aussi ancien que les premières images. Comme si, avant de vouloir photographier le monde, il fallait d’abord réapprendre à regarder la lumière elle-même. On l’imagine penché sur un dispositif qu’il vient de fabriquer, une plaque sensible, un miroir, une lentille taillée à la main. Rien n’est laissé au hasard, et pourtant tout ce qui advient porte la trace de l’imprévisible.
Depuis des années, Thomas avance ainsi, en construisant lui-même les outils qui lui permettront d’approcher ce qui ne se laisse pas saisir : un temps qui se dépose lentement, un fragment d’espace qui se recompose, un éclat de lumière qui se laisse guider mais jamais dompter. Il travaille comme d’autres cartographient un territoire inconnu, en expérimentant, en recommençant, en acceptant que certaines images n’arriveront jamais à naître.
Dans son atelier, le geste prime. Il ne s’agit pas de produire des images mais de les provoquer, de les laisser émerger de la matière. Les procédés anciens, qu’il revisite patiemment, deviennent des alliés. À mesure que la lumière circule et s’imprime, un autre langage se construit, fait de nuances, de vibrations, de formes qui hésitent entre présence au monde et abstraction.
Les œuvres qui en résultent donnent l’impression d’avoir été arrachées à une dimension parallèle, ou d’être les fossiles d’une lumière passée. On ne sait jamais si l’on regarde une carte du ciel, un morceau d’aube, l’ombre d’un mouvement ou un paysage qui n’existe pas encore. Ce qui semble immobile pulse pourtant de l’intérieur, comme si la matière photographique continuait de respirer.
Peut-être est-ce cela, la quête de Thomas Paquet. Trouver, dans l’extrême simplicité d’un rayon de lumière, la manière la plus juste de dire que le monde dépasse tout ce que nous croyons voir et savoir. Et offrir, à travers ces images qui oscillent entre rigueur et enchantement, un espace où notre regard peut enfin ralentir, se défaire du réel pour mieux en apprécier la magie.
Texte et réalisation : Léonie Pondevie
Musique : Kevin Lecuyer
Commissariat d’exposition : Emilie Teulon
Photographies : Thomas Paquet
Cet épisode de Mirettes a été réalisé dans le cadre des 26èmes Rencontres Photographiques du Pays de Lorient : Le cycle des lucioles, festival porté par Le Lieu de la Photographie. L’exposition La flamme d’une chandelle de Thomas Paquet a été présentée à la Galerie du Faouëdic du 10 octobre au 14 décembre 2025.
