Le cycle des lucioles

Nous avons coutume de dire que le temps passe mais ne vaudrait-il pas plutôt dire : je passe dans le temps ? Celui-ci se compte et se mesure à travers une échelle universelle, celle de la rotation autour du soleil. Humains, nous sommes inscrits dans ce temps qui continu de défiler, avec ou sans nous. Comment le figer ? Comment étreindre sa matérialité, attraper sa lumière et ses histoires ?

Le cycle des lucioles dévoile les photographes tels des vagabonds ; les vagabonds des astres et des déserts. Ils traversent, se dédoublent, s’abandonnent face à l’absence et se questionnent dans les errances. Ils figent une vie, une journée, dans leur verticalité ou leur positionnement face à la lune ; s’inscrivent dans cette spirale évolutive et creusent la matière pour lui donner un envol, retenir sa trajectoire. Pour cette nouvelle saison, la notion de cycle est un astre autour duquel se déploient les réflexions artistiques qui ont toujours interrogé la substance même du vivant et de ce qui l’entoure.

Denis Roche, photographe et écrivain se questionne et écrit :
« Les lucioles disparaissent peu à peu, cantonnées dans quelques réduits de nature. Mais tandis que ces charmants animaux lumineux se font rares, nous, photophores, prenons le relais. La fabrication des photos ne laisse rien dans l’ombre, et surtout pas l’instant de folie pure qu’abrite le déclenchement de la photo. »

Mêlant histoires familiales et expérimentations photographiques, ces récits s’enchevêtrent tel
le mouvement des lucioles au crépuscule. Dans un tourbillon où l’avenir devient de plus en plus insaississable, les visions de ces êtres, nous éclairant de leurs sensibilités singulières, se dévoilent pour nous laisser appréhender la matérialité de leurs pensées, de leurs ressentis ou de leurs expériences. Explorant les possibles de la photographie, c’est de sa physique pure que les lucioles font jaillir leurs lumières.

Émilie Teulon, directrice artistique

Hors les murs