Tout commence par un prénom changé, une histoire réécrite avant même d’être racontée. Lynn S.K. grandit entre deux langues, deux pays, deux façons d’être regardée.
Sur un toit d’Alger ou dans un décor minimal, elle se met en scène et convoque des souvenirs, des imaginaires. On pourrait croire que Lynn S.K. se photographie elle-même. Ce n’est jamais tout à fait vrai. Dans ses images, elle apparaît comme on revient à un pays : par fragments, par détours, à travers les silhouettes de celles qui nous ont précédées. Sur une terrasse à l’abri des regards, elle dialogue avec des figures féminines réelles ou imaginaires, comme si chacune d’elles portait un morceau d’une histoire dont elle tentait de retrouver la cohérence. La mise en scène devient un outil de liberté, un endroit où elle choisit comment apparaître, comment disparaître, comment se raconter.
Dans ce théâtre intime, Lynn S.K. met en crise le regard, le sien et celui des autres, interrogeant la façon dont une femme, française et algérienne, tout à la fois, peut se voir, se dire, se réinventer. Et dans cette traversée, quelque chose se décante. Peut-être une manière d’être au monde, attentive, poreuse, où la photographie n’est pas un miroir mais une langue, une manière d’apprendre à dire “je” sans oublier les autres.
Texte et réalisation : Léonie Pondevie
Musique : Kevin Lecuyer
Commissariat d’exposition : Emilie Teulon
Photographies : Lynn S.K.
Cet épisode de Mirettes a été réalisé dans le cadre des 26èmes Rencontres Photographiques du Pays de Lorient : Le cycle des lucioles, festival porté par Le Lieu de la Photographie. L’exposition Ana, Ntiya, Houma / Je, Tu, Elles de Lynn S.K. a été présentée à la Galerie La Rotonde du 10 octobre au 14 décembre 2025.