Il y a des images qui naissent dans la nuit.
Pas celle du monde, mais celle du corps. Là où la lumière n’éclaire plus rien, où les mots ne suffisent plus.
Les photographies de Juliette Parisot ne cherchent pas à apaiser. Elles posent la question impossible : comment continuer à vivre quand ce qui nous reliait à la vie s’est retiré ? La mère, l’enfant, deux présences arrachées, deux silences à même la peau. Juliette répond par l’image, mais l’image ne répare rien. Elle se tient un instant, avant la disparition, et dit simplement : voici ce qui reste.
Dans ces œuvres, le vide est un vertige. Il devient espace. Un lieu où la douleur trouve forme, où la vie et la mort se frôlent sans jamais se rejoindre. Chaque image tente de retenir ce qui s’échappe, sans y parvenir tout à fait. Le noir, la lumière, la matière, le geste : tout travaille à rendre visible l’absence, à maintenir ensemble ce qui a été séparé. Car ce n’est pas la mort que Juliette Parisot représente. Elle l’apprivoise, lentement, jusqu’à la rendre presque douce, presque respirable.
Donner la vie, la perdre, puis chercher à respirer encore dans l’entre-deux. Et c’est peut-être là, dans ce mouvement de retour vers la lumière, que se révèle la véritable puissance de ce travail : une façon de dire que même au bord du vide, quelque chose, toujours, insiste à vivre.
Texte et réalisation : Léonie Pondevie
Musique : Kevin Lecuyer
Commissariat d’exposition : Emilie Teulon
Photographies & installations : Juliette Parisot
Cet épisode de Mirettes a été réalisé dans le cadre des 26èmes Rencontres Photographiques du Pays de Lorient : Le cycle des lucioles, festival porté par Le Lieu de la Photographie. L’exposition « Celle qui reste » de Juliette Parisot a été présentée à l’Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne – site de Lorient du 10 octobre au 14 décembre 2025. Cette exposition est co-produite avec le Centre Claude Cahun à Nantes et le Graph CMI à Carcassonne, membres du réseau Diagonal.
