Fabien Fourcaud – I am afraid the night left me soulless

Une exposition au Réservoir d’eau du Peristyle dans le cadre de Spectres d’Histoire(s) de l’Aqueduc
du 04 au 22 juin 2025

Ouverture de l’exposition : 10h00 – 12h00 et 14h00 – 17h00
(Jusqu’à 19h00 les 6, 7, 8, 13 et 14 Juin)
Vernissage le 04 Juin à 18h00

Le Lieu de la Photographie propose, dans le cadre du festival Spectres d’histoire(s) de l’Aqueduc porté par la Compagnie Les hostilités, une exposition de Fabien Fourcaud qui prendra place dans le réservoir d’eau du péristyle. Le photographe présentera, dans ce lieu si particulier, son projet I am afraid the night left me soulless, mélange de photographie, projection vidéo et installation plastique pour nous raconter comment l’eau qui habitait autrefois cet espace renaît dans une nouvelle présence, celle des glaciers monumentaux et des neiges éternelles. 

Tout semblait déplacé. Un basculement lent et imperceptible d’une chose perdue que l’on ne saurait nommer. Juste une faille, une ouverture dans laquelle on tombe, lentement mais sûrement. Alors on ne pense plus qu’à partir. Ne pas vraiment disparaître, mais au moins essayer de se retrouver ailleurs. Dans un lieu qu’on invente peut-être. Un lieu qui, lui aussi, serait au bord de tout.
Patagonie. Ce n’était plus une destination, c’était un mot, un vertige. Quelque chose a été abandonné ici, quelque chose d’oublié. Mais ça reste et agit en silence. Et puis il y a le monde, le dehors, le vrai. Celui qui brûle, qui tombe et qui gronde. Encore. Des corps, des territoires. Des histoires qu’on croyait finies. Coloniales, guerrières, inégales. Mais rien ne finit. Au fond des lacs et des glaciers, le long des détroits et des marais, la mémoire du monde ruisselle, stagne, s’écroule, se télécharge, se stream et s’évapore.
Photographies, vidéos, fragments sonores, archives — tout s’articule, se mélange, se froisse. L’eau traverse tout. Elle divise et relie. Elle efface, elle révèle, et transporte avec elle des voix disparues et des souvenirs sans corps. Ce projet ne constitue pas un récit de voyage, encore moins un document. C’est un espace. Un lieu mental où les matières s’entrechoquent et reflètent un certain état du monde. Je travaille à partir de fragments, de silences, de
matières collectées ou laissées en friche. Parfois je filme. Parfois je collecte. Souvent je laisse faire. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui insiste.

Il y a la terre. Les failles. L’exploitation. Les mines. Les barrages. Les glaciers qui reculent. Le sol qui se vend. Les ressources qui s’arrachent. Il y a aussi les corps. Invisibles. Déplacés. Oubliés. Les peuples premiers, leurs mémoires fragmentées, les disparus sans visages, les récits qui n’ont pas été transmis. Je ne cherche pas à documenter, encore moins à expliquer. Parce qu’il ne s’agit pas de démontrer, mais de traverser et de rester avec ce qui ne se
résout pas. Comment filmer sans extraire. Comment montrer sans posséder. Comment regarder sans réduire. Car le monde est là, entier, dans toute sa douceur et sa violence. Traversé par des systèmes qui s’effondrent, par ce qui résiste et ce qui dort dans l’eau, le projet est né ainsi : ni en Patagonie, ni en France, mais quelque part dans cette faille où l’eau murmure encore les mémoires du monde.

© Fabien Fourcaud

Une exposition en partenariat avec la Compagnie Les Hostilités dans le cadre du festival Spectres d’histoire(s) de l’Aqueduc.
Du 4 au 14 juin à Lorient, la Compagnie Les Hostilités vous invite à retracer le chemin de l’ancien aqueduc de Lorient : un parcours artistique in situ pour penser le visible et l’invisible de l’eau, hier, aujourd’hui et demain. Découvrez des lieux uniques du patrimoine lorientais, avec au programme : du théâtre, des concerts, de la danse, de la photo, une balade sonore, des ateliers et des temps conviviaux !
> En savoir plus sur la programmation

Fabien Fourcaud

Photographe documentaire et artiste visuel, Fabien Fourcaud explore les liens fragiles entre territoires, mémoire et corps invisibles. Son travail interroge les espaces en mutation, dans une approche sensible où le réel se mêle à l’imaginaire.
Après une formation autodidacte en design et en photographie, il débute dans l’univers du cinéma et de la communication avant de se consacrer pleinement à la création documentaire. Des plages désertées du nord de la France aux cités minières du cercle polaire suédois, il tisse une cartographie sensible des lieux en suspens, des paysages travaillés par l’absence et la transformation.
Son travail a été distingué par Lensculture (Emerging Talent Awards, 2017) et exposé aux Rencontres d’Arles, à la Galerie Binome, ainsi que dans plusieurs villes internationales, notamment à Berlin, Vancouver, Thessalonique, Daegu et New York. Son premier livre, Off Season (Bromide Books), est une errance au coeur des stations balnéaires vidées de leur mythe.
En Patagonie, il poursuit sa réflexion autour des frontières physiques et mentales, à travers les traces laissées par l’histoire coloniale les bouleversements écologiques et les formes de résistance des territoires.

> Voir le site de l’artiste

Portrait de Fabien Fourcaud © Diana Vasyanovych

Y aller

Réservoir d’eau de Lorient
Rue des fours à chaux,
Zone du péristyle
56100 Lorient

🚶 Accès à pied ou à vélo

Depuis le centre-ville de Lorient, vous pouvez rejoindre le réservoir en vous dirigeant vers la Place d’Arme ou en longeant la promenade des Indes le long du port de plaisance. Le réservoir se trouve à proximité de la Villa La Frégate et de la Tour de la Découverte.

🚌 Accès en transports en commun

Plusieurs lignes de bus desservent les environs de l’Enclos du Port :
Ligne 12 : Arrêt Maison de l’Agglomération
Ligne 13 et B1 : Arrêt Quai des Indes